(textes : Présentation/reconnaissance Loïc Jugue. Phytothérapie: C. Lahmek. Botanique : Véronique Pellissier/Loïc Jugue. Photos: Loïc Jugue/Philippe Roth/ Véronique Pellissier.)
Présentation
Si nous vous disons vade retro satanas (va t'en satan) ou bien fuga daemonum (fuis démon), vous répondrez, ils sont fous... et pourtant le millepertuis, dont le nom ancien était justement Fuga daemonum, avait une utilisation tout à fait particulière...
Cette plante solaire (récoltée à la Saint-Jean), à l'odeur rappelant l'encens, servait dans des temps pas si lointains, à chasser les démons qui hantaient les maisons. Car chacun sait que les mauvais esprits fuient la lumière et les odeurs qui plaisent à Dieu.
Dans notre pharmacopée, le millepertuis sert à chasser un terrible démon actuel : la dépression.
Reconnaissance
La feuille semble percée de trous (qui sont en fait des glandes translucides).
Fleur jaune dont les 5 pétales forment une spirale (aile de petit moulin à vent ou bien une sorte de svastika à 5 branches).
Les fleurs ont la particularité de faner en un jour, elles deviennent alors de couleur rouille.
Ce qui donne à la plante une teinte particulière où se mélangent le jaune des fleurs fraîches et la couleur rouille des fleurs fanées.
Propriétés médicinales
Antidépressif, sommités fleuris.
Contient de l’hypéricine.
L’huile est un bon antiseptique, plaie brûlure.
Attention risque de photosensibilisation...
En Angleterre, des recherches seraient faites sur le millepertuis pour le traitement du Sida.
Phytothérapie
Partie utilisée : sommités fleuries.
Action : sédatif en usage interne voir antidépresseur selon des publications récentes ; astringent* et antiseptique, donc cicatrisant en usage externe ; attention est photo-sensibilisant mais à fortes doses ; serait également antibactérien.
Utilisation : en teinture mère, gélules (et parfois tisanes ...) à visée anxio-dépressive ; attention cependant aux interactions possibles avec certains médicaments ; diminuerait l'action de certains contraceptifs oraux ; est également utilisé en huile (par macération des sommités fleuries dans de l 'huile d'olive) et en pommade comme cicatrisant.
Est également utilisé en homéopathie ; la teinture mère déjà citée étant une des nombreuses formes de prescription.
Tradition
Plante magique qui éloignait les mauvais esprits. Cette plante solaire (récoltée à la Saint-Jean), à l'odeur rappelant l'encens, était utilisé pour chasser les démons qui hantaient les maisons. On lui avait même donné le nom de fuga daemonum.
A l’époque des croisades, les hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem utilisaient le millepertuis en vertu de la théorie des signatures*, pour soigner leurs blessures. La théorie des signatures initiée par Paracelse (médecin du 16ème siècle) établissait un parallèle entre la forme ou les caractéristiques d’une plante et les organes de l’homme. Le millepertuis, qui lorsqu’on le presse laisse couler une substance rouge, était comparé au sang et donc censé guérir les plaies. Il est intéressant de noter que cette théorie pour le moins animiste avait parfois raison puisque le millepertuis est un bon antiseptique.
Curiosités
Les feuilles ont l’air d’être criblées de trous. Ce sont en fait des petites glandes à essence, noires et translucides.
Les fleurs ont également des glandes noires contenant de l'hypéricine. Lorsqu’on les écrase, elles donnent un liquide rouge appelé autrefois sang de Saint-Jean.
Plongées dans un liquide, elles libèrent cette matière colorante, jaune dans l'eau, rouge dans l'huile.
Récemment introduite en Australie, elle y est devenue un fléau de l'agriculture
Fleur
Composée de 5 sépales, 5 pétales asymétriques en forme d'hélice. Nombreuses étamines réunies en faisceaux (3 ou 5). La marge des pétales est bordée de glandes huileuses. Les fleurs sont groupées en larges panicules.
Couleur
jaune d'or
Fruit
Capsules ovales contenant beaucoup de graines.
Tige
Dressée, rameuse, à 2 côtes. Tige souterraine ligneuse
Feuille
Ovale, sessile, parsemée de glandes noires et translucides. Les feuilles sont opposées.
Hauteur
30 à 80 cm.
Habitat
Champ, pré sec, bord de chemin, prairie, forêt.
Catégorie
plante herbacée
Autres noms
Herbe de la Saint-Jean, chasse-diable, herbe à la brûlure, herbe à mille trous.
Nom anglais
St John's Wort
Nom allemand
Johanniscraut
Nom italien
Iperico
Nom espagnol
Hipérico, hierba de San Juan
Origine
Europe
Protection
sans